והנה ראיון איתה שבו היא מדברת
גם על המוסלמים בצרפת ועל ישראל:
Parce qu’« il est temps de crever l’abcès entre juifs et musulmans, de renouer le dialogue et de s’unir en tant que citoyens pour dénoncer racisme et antisémitisme », deux Françaises, Kenza Braiga et Olivia Cattan, publient demain Deux femmes en colère.* Sortie de « Loft Story » en 2001, Kenza, 29 ans, célibataire et chroniqueuse à la radio Le Mouv’, se présente comme « musulmane non pratiquante ». Journaliste à « Tribune juive », Olivia, 38 ans, mariée et mère de trois enfants, se définit comme « juive pratiquante light ». Interview à deux voix sur des thèmes au cœur de l’actualité. Irez-vous à la manifestation contre l’antisémitisme, cet après-midi, quinze jours après la mort d’Ilan Halimi ? Olivia : Non. Je suis déjà allée à la marche silencieuse dimanche dernier avec la famille d’Ilan et je n’irai pas aujourd’hui parce qu’il me semble que les associations se réveillent un peu tard et cherchent à récupérer cette affaire. Kenza : Moi, j’irai. Je pense que tous les musulmans doivent descendre dans la rue pour protester contre cet acte de barbarie qui n’est pas une affaire de juifs mais de droits de l’homme. Nicolas Sarkozy a parlé d’ « antisémitisme par amalgame ». Quelle est votre position ? Kenza : Je partage l’inquiétude et la souffrance de la communauté juive. Maintenant, c’est à la justice de faire son travail. Les criminels doivent être punis. Mais cette affaire ne doit pas être la porte ouverte à tous les amalgames. Olivia : Non seulement il y a un crime crapuleux au départ mais le fait d’enlever un juif en raison du présupposé selon lequel « les juifs ont de l’argent » relève de l’antisémitisme. Aujourd’hui, ma colère est la même que lorsque Sohane a été brûlée vive dans un local à poubelles à Vitry (Val-de-Marne) en octobre 2002. Juifs, musulmans, chrétiens, nous sommes tous concernés par la violence. Selon vous, les tensions intercommunautaires dans les banlieues s’expliquent-elle par le conflit israélo-palestinien ? Kenza : Non, les musulmans de France réfutent l’idée de l’importation en France du conflit du Moyen-Orient. Ce n’est pas parce qu’on soutient les Palestiniens qu’on approuve les actes des kamikazes. Olivia : Quoi qu’on en pense, le conflit israélo-palestinien est en arrière-plan, ne serait-ce que parce que les télévisions du Moyent-Orient sont captées ici. Les juifs sont de tout cœur avec les Israéliens. Ça ne veut pas dire pour autant que nous soyons contre un Etat palestinien qui vive en paix avec Israël. Dans l’affaire des caricatures de Mahomet, comment vous situez-vous dans le débat entre liberté d’expression et respect des croyances ? Kenza : Moi qui suis arrivée d’Irak à l’âge de 14 ans, j’ai savouré en France la liberté d’expression et de religion. Mais il faut user intelligemment de cette liberté : il ne faut pas blesser autrui ni désigner une communauté en bouc émissaire. Une caricature de Ben Laden ne m’aurait pas dérangée. Mais poser une bombe dans le turban de Mahomet, c’est toucher au sacré de l’islam. C’est pourquoi le CFCM a raison de porter l’affaire en justice. Mais rien ne justifie de mettre le feu aux ambassades. Olivia : Je comprends que beaucoup de musulmans aient été choqués de voir leur prophète transformé en terroriste et l’islam en religion jihadiste. Mais les pays arabes ont récupéré cette affaire. Ce n’est pas un hasard si les dessins, initialement publiés en septembre, sont ressortis juste après la victoire du Hamas aux élections palestiniennes. Propos recueillis par Philippe Baverel. * « Deux femmes en colère ». Juive ou musulmane, citoyennes et libres. Ramsay.