אם אתא קורא צרפתית ...
Une vingtaine de roquettes et Haïfa, troisième ville d'Israël avec 275 000 habitants, est restée pétrifiée. La salve de missiles Raad tirés par le Hezbollah depuis le Sud-Liban a percé le toit du hangar de la gare centrale, tuant 8 employés et blessant 17 personnes. Une gigantesque flaque de sang témoigne de la plus meurtrière attaque de roquettes jamais lancée sur Israël. Les morts, juifs et arabes, ont été enterrés dans la journée, comme l'exigent les deux traditions religieuses. Haïfa, ville historique, symbole de la bonne coexistence entre communautés, est envahie par la peur. Les rues sont silencieuses, vides de voitures et de piétons, les magasins fermés, les appartements clos derrière des volets tirés. La ville ne bouge plus, ne travaille plus, ne fonctionne plus. Sur le même sujet La milice chiite, une puissance militaire G8 hors-jeu Les civils pris dans le piège libanais «La population va demander des comptes au Hezbollah» Le G8 accouche d'une déclaration tiède «C'est reparti pour un tour» Les faits du week-end Sirènes. A 8 h 30 hier, Avital riait encore des consignes de sécurité ordonnées par la défense civile après qu'une première attaque de roquettes eut touché Haïfa, vendredi : «On va au boulot comme d'habitude, tout le monde fait ses courses, rien à signaler.» A 9 h 10, la voix tremblante, elle s'était réfugiée avec sa mère dans l'abri aménagé dans son immeuble. Pendant que son père, employé dans une ville voisine, était descendu avec ses collègues dans l'abri de son entreprise. «Le plus effrayant, ce sont les sirènes qui montent et qui descendent, explique la jeune fille. Ensuite, on entend le bruit de l'explosion.» Sa famille, de gauche, opposée aux bombardements de l'armée israélienne sur le Liban, constate, résignée : «Cela a commencé, on ne peut plus s'arrêter.» Constat partagé par l'ensemble de l'opinion, qui soutient son gouvernement et son armée, loin d'être découragée par les tirs de roquettes qui contraignent un million de personnes à s'enfermer dans des pièces sans fenêtres. De plus en plus convaincue qu' «il faudra aller jusqu'au bout» pour mettre au pas les milices armées du Hezbollah, qui ont réussi à terroriser Tibériade et Haïfa. Ces villes, jusque-là épargnées par les tirs, n'ont pas construit d'abris dignes de ce nom, comme les villes frontières habituées aux roquettes du Hezbollah. A Haïfa, ce sont plutôt des pièces aux murs un peu plus épais ou des caves qui servent de débarras. Dans l'immeuble d'Avital, à l'exception d'un couple âgé, ceux qui le peuvent fuient la ville, rejoignant les embouteillages des voitures prenant la route du sud. Autobus et trains ne circulent plus. Avi Waldeman, ingénieur dans la capitale au très réputé institut de recherche Technion, est lui aussi enfermé dans une pièce de son appartement avec sa femme et son fils. «Cela ne va pas être facile, dit-il, mais j'espère que les frappes et la pression internationale vont réussir à éloigner le Hezbollah de nos frontières. On n'a pas le choix. C'est le Hezbollah qui a déclaré la guerre en enlevant nos deux soldats et en faisant sauter une patrouille sur notre territoire.» Le chef de la police de Haïfa, qui répond aux questions des journalistes en plein air, s'interrompt quand les sirènes annoncent une deuxième salve de missiles, met son gilet pare-balles et s'engouffre dans une voiture. Les rues sont toujours désertes, un gigantesque centre commercial semble abandonné. Un navire de guerre croise devant les plages. «Ma ville adorée.» «Nous, les Arabes de Haïfa, sommes dans la même situation que les Juifs : enfermés dans nos maisons», dit Salah Abassi, écrivain, éditeur de livres en arabe. Ici, Juifs et Arabes se comprennent. Ce n'est pas comme à Tel-Aviv, Jérusalem ou Acre, même les guerres de 1967 ou de 1973 n'ont rien changé à nos relations. Je ne quitterai pas ma ville adorée. Tout cela est ridicule : d'un côté l'action du Hezbollah, qui a kidnappé les soldats, de l'autre la réponse de l'armée la plus forte de la région. Attaquer Beyrouth, pourquoi ?» Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, vient de menacer Israël d'autres « surprises » , après avoir touché, vendredi, un bâtiment de la marine de guerre au large du Liban. Hier, le Hezbollah n'a pas atteint les raffineries de Haïfa, mais les produits chimiques ont été déplacés à la hâte vers le sud. Pendant que le premier ministre israélien Ehud Olmert réaffirmait qu' «Israël ne cédera pas aux menaces», qu'il fallait «faire preuve de patience et de sang froid» et «que cette bataille n'est pas limitée dans le temps». Ni dans l'espace : l'état d'alerte s'est étendu à Tel-Aviv, la défense civile conseillant aux habitants de se préparer à se protéger à leur tour dans des abris ou des cages d'escalier...